Nightmare

Yves Campion - April 24 2012

NIGHTMARE est tout simplement un pionnier du Heavy Metal Français fondé en 1979 ! Support act de DEF LEPPARD en 1983, après une carrière riche en rebondissements et autres splits, ils nous reviennent avec « The Burden Of God », leur (seulement) huitième album. Il sera bien sûr du programme, mais Yves Campion nous parlera également de leur DVD anniversaire (30 ans), ainsi que de leurs concerts à venir dans leur bonne ville de Grenoble.

Fab : Le titre de votre nouvel opus est « The Burden Of God » : Dieu est un fardeau pour l’homme, ou est-ce l’inverse ?
Yves Campion (Basse) : Très bonne question, c’est d’ailleurs le concept, ou plutôt le message du personnage qui est sur la pochette, qu’on pourrait appeler un justicier ou peu importe, qui peut faire cette constatation-là. Dieu est un fardeau pour l’homme si on considère que selon la Chrétienté, tout devrait être parfait, mais ce n’est pas le cas. On peut s’interroger en effet. C’est un peu l’image qu’on veut faire passer avec ce titre-là, sur cet album.

Fab : J’aime beaucoup l’artwork, qui en est l’auteur ?
Yves Campion : Merci. C’est un artiste Polonais qui n’est pas connu. On l’a un peu retouché avec nos artistes à nous, mais à la base c’est un artiste Polonais. Au départ, au niveau du concept, on était parti sur un autre délire, quelque chose de peut-être plus commun. L’album devait s’appeler « Mercury Rain », car on avait un design de couverture par un artiste que l’on connaissait, qui était plus une ville apocalyptique. La consonance du titre nous plaisait, mais à force, on trouvait que c’était un peu « bateau », que beaucoup d’autres groupes avaient ce même délire. Du coup, on est parti sur complètement autre chose. Quand on a choisi cet artwork là, on a trouvé que « The Burden Of God » correspondait parfaitement en terme de sens.

Fab : Au niveau des compositions, comment l’alchimie s’est passée entre les anciens et les nouveaux membres ?
Yves Campion : Très bien, car à la base, Franck (Milleliri – Guitare) qui compose 99% des riffs est assez ouvert, chacun apporte sa pierre à l’édifice. On est pas tous toujours d’accord sur tout, sur telle ou telle idée à amener, mais on arrive toujours à faire un consensus et un compromis pour qu’à la fin, on soit tous dans la même direction.

Fab : Qui a fait l’orchestration de l’intro « Gateways to the void » ?
Yves Campion : Jonathan Menard, qui est un pote. Il est le claviériste d’un groupe talentueux qui s’appelle VELOCE HYSTORIA, qui sort également bientôt un nouvel album. On s’était dit que si on mettait des arrangements claviers, on voulait sortir du carcan de la « plage » clavier qui grossit le refrain. On voulait mettre un clavier pour qu’il apporte quelque chose de puissant au morceau, d’épique, sinon c’était pas la peine, et on a trouvé la bonne personne pour faire ça, un arrangeur claviériste de grand talent. On lui a laissé carte blanche tout en lui donnant une direction, et on a adoré parce que ça correspondait au texte, à l’esprit des morceaux.

Fab : Y’a-t-il un concept général autour des paroles ?
Yves Campion : Chaque chanson est indépendante, il n’y a pas de lien. On utilise beaucoup de sujets assez forts comme la religion, ou le sujet de « The Doomsday Prediction », qui traite du 21 décembre 2012, la fin du monde d’après les Mayas. On a toujours été plus ou moins attirés par ce genre de sujets. Comme avant, avec « Eternal Winter ».

Fab : Quel guest vocal y-a-t-il sur « The Dominion Gate – Part. III » ?
Yves Campion : Oui, Magali Luyten, et c’est une belle rencontre qu’on a fait. Je ne la connaissait pas personnellement, mais j’avais entendu parler d’elle de par son travail extraordinaire d’avec BEAUTIFUL SIN. On l’a rencontré l’année dernière au PPM Fest en Belgique, on a sympathisé, et on s’est dit que si on mettait en « special guest » une chanteuse sur notre nouvel album - comme on l’avait déjà fait sur « Dominion Gate » avec Floor Jansen d’AFTER FOREVER - on voulait sortir du truc stéréotypé de la chanteuse opéra, lyrique : il y en a beaucoup et elles chantent très bien... Mais la combinaison des deux voix, celle de Jo (Amore - Chant) et la sienne, une nana qui chante avec les couilles, j’ai pas peur de le dire le David Coverdale féminin, ça apporte une vraie touche. On a pris le risque de le faire et on est bien content du résultat.

Fab : La production est très bonne, on sent qu’il y a eu beaucoup d’attention sur les détails. Pourquoi le choix de Patrick Liotard?
Yves Campion : C’est quelqu’un qu’on connaît depuis longtemps. Il a fait son chemin dans d’autres styles musicaux, il avait déjà travaillé avec nous sur « Insurrection ». C’est un ami, et en même temps, c’est un grand producteur. Il nous connaît : il sait comment travailler avec nous, et donc autant travailler avec lui de A à Z sur cet album. On avait peut-être fait l’erreur avant, d’enregistrer les guitares en Allemagne, de se disperser. Plutôt que d’enregistrer dans plusieurs studios, on s’est dit qu’il fallait qu’on produise réellement, avec un vrai producteur, qu’on ait le recul sur les compos, qu’on optimise tout. Il a donc tout fait sauf le mastering, et a même composé deux titres…

Fab : Oui, j’allais en parler, ce sont les titres « Final Outcome » et le bonus track « Afterlife ». Ce n’est pas si fréquent, ce genre de rapport, de confiance avec son producteur.
Yves Campion : C’était intéressant. Sans qu’il en soit l’interprète pur, car on a participé, on a fait les textes, on a travaillé dessus, c’était intéressant d’avoir une autre approche, car quand on est trop dedans (ndlr : les compositions), on a pas nécessairement le recul qu’il faudrait. Lui peut te dire « bon, là, t’as fait une erreur, le refrain il est pas bon, change de tonalité, etc ». On est vraiment en phase avec lui. On est content de l’avoir intégré et de le voir autant impliqué dans cet album.

Fab : Un groupe Japonais de Visual Kei porte le même nom que vous… A quand une tournée commune ? A quand une tournée au Japon ?
Yves Campion : Oui, on connaît. Alors aujourd’hui c’est une question piège (rires), on est plus dans le conflit... Enfin, on est pas dans le conflit direct avec eux, car c’est un groupe Japonais qui tourne au Japon, etc mais c’est embêtant ! AFM Records a une licence au Japon pour sortir notre album avec des bonus là-bas, et c’est pas encore fait à 100% car même si ils nous veulent depuis deux ans, (il y a) ce groupe Japonais qui s’appelle aussi NIGHTMARE. Ils sont emmerdés pour qu’il n’y ait pas de confusion. Mais bon, ils ne sont pas connus en Europe, ils chantent en Japonais, c’est plus nous qui allons chez eux les emmerder maintenant qu’eux venant nous emmerder en France. Après, légalement, c’est des histoires de management, ce n’est pas de notre ressort.

Fab : Parlez-nous un peu du DVD sorti pour les 30 ans « One Night Of Insurrection » ?
Yves Campion : Oui, c’est un DVD que l’on voulait d’abord enregistrer chez nous (cf. à Grenoble), vu que c’est un anniversaire où on a fait venir des anciens membres, donc c’était un clin d’œil intéressant. On a aussi un reportage de 15-20 minutes sur Israël, car c’est un pays avec lequel on a vraiment un coup de cœur. C’était une demande unanime que d’enregistrer un DVD chez nous, et on a trouvé l’occasion de le faire à cette époque-là.

Fab : D’où vient le sample de « The Preacher » ?
Yves Campion : C’est un extrait de « Book Of Revelations », l’Apocalypse selon St. Jean ; C’est un message qui correspondait vraiment à l’atmosphère et l’orchestration de l’intro, et qui colle bien au texte.

Fab : Mon titre favori est « The Doomsday Prediction », et toi ?
Yves Campion : Je n’ai pas beaucoup de recul, là, mais il y a un titre vraiment qui ressort pour moi, c’est « Sunrise In Hell ». Dans sa construction, dans la manière dont le refrain arrive, je trouve que c’est un morceau qui est vraiment construit.

Fab : Avec votre énorme expérience, quel regard avez-vous sur le music business et son évolution ? Cela a toujours été comme ça ? Est-ce plus dur quand on est un groupe Français ? Malgré le succès de DAGOBA et GOJIRA…
Yves Campion : Ah ben oui, carrément. C’est une très bonne question. Et là, c’est moi qui te pose une question. Aujourd’hui, on a un festival énorme en France (ndlr : Le Hellfest), 6 scènes, 160 groupes ; en Allemagne, l’équivalent c'est le Wacken. Combien de groupes Français sont programmés – plus ou moins dans les têtes d’affiche - dans notre festival en France ? Combien de groupes Allemands sont programmés au Wacken ? Si on fait le prorata…Je pense qu’on est pas assez nationalistes.

Je pense qu’on a des groupes de grande qualité, mais on est pas chauvin là-dessus. On s’intéresse plus aux groupes étrangers, alors qu’un Allemand va d’abord s’intéresser aux groupes Allemands. Comme GOJIRA, on les a rencontrés au Wacken. On était là, deux groupes Français aux styles différents, à jouer bien placés sur l’affiche. Nos deux tour bus étaient l’un à côté de l’autre. On a sympathisé et fait la fiesta un peu avec eux, et on se faisait la même réflexion : qu’on avait plus de retours là-bas qu’ici, c’est quand même grave.

Fab : Vous allez jouer le 25 et 26 mai à Grenoble…
Yves Campion : C’est carrément des concerts promos de l’album. On essaye à chaque sortie d’album de privilégier notre ville, comme tremplin de départ pour la campagne promotionnelle de l’album en question. On a eu un pari un peu osé en faisant deux soirs. C’est une petite salle, la première date est très avancée (en terme de vente) et on espère que les deux dates seront blindées.

Fab : Quelle personne – non liée au monde de la musique – t’as le plus influencée ?
Yves Campion : Très, très difficile comme question. Je vais te dire, j’ai vu un reportage très poignant, ça regarde que moi mais quelqu’un qui m’a vraiment touché par rapport à ce qu’il a fait, par rapport à ce qu’il s’est passé après, je pense que c’est quelqu’un de grand, c’est le commandant Massoud (ndlr : À plusieurs reprises, le commandant Massoud avait essayé d'attirer l'attention de la communauté internationale sur le danger représenté par Oussama ben Laden et, selon certaines sources, préparait même une confrontation d'importance avec l'appui des États-Unis contre les Talibans et Al Qaïda. Il a été assassiné le 9 septembre 2001…). Il a fait des choses extraordinaires.

Fab : Un dernier message ?
Yves Campion : J’espère que vous viendrez nous voir très nombreux sur la route, et que ce nouvel album vous plaira. Soutenez les groupes Français, c’est super important, surtout en ce moment !