Emergency Gates

janvier 2013 (Le Black Dog)

C’est avec les Allemands d’Emergency Gate que débute cette cuvée d’interviews pour l’année 2013. Je me suis entretenu avec le vocaliste du combo, le très sympathique Matthias Kupka, venu nous présenter leur quatrième opus (hors E.P.) simplement nommé « You », qui sort le 25 janvier, sous la forme de deux éditions différentes.
Il nous explique le travail effectué au studio, que ce soit la composition ou l’enregistrement,  l’énorme apport de Mario Lochert, le bassiste aux multiples casquettes, ainsi que son intérêt pour Edgar Allan Poe.
En attendant avec impatience la vidéo de Mindfuck.

Fab: Comparé à vos précédents albums,  comment s’est passée la genèse de “You”?
Matthias Kupka (Voix) : C’est un album très direct et très puissant. Les précédents étaient parfois peut-être plus expérimentaux, avec des expériences de sons électroniques. Sur les albums Rewake (2009) ou The Nemesis Contract (2010), ce n’était parfois pas assez direct, comparé à You qui est également très accrocheur. On a jamais eu des mélodies aussi accrocheuses.

Fab: Au niveau de la composition, cela a été un travail d’équipe ?
Matthias Kupka :  Oui, bien sûr. Et c’est la raison pour laquelle ce nouvel album est aussi compact et puissant. Notre album précédent, The Nemesis Contract, avait été essentiellement écrit par Udo (Simon – guitares) et moi-même. Pour cet album, les bases principales des parties guitares et des autres instruments ont également été posées par Udo et moi-même, mais l’ensemble de l’album, avec les effets électroniques, les claviers et arrangements, a été construit avec tout le groupe, en studio. Chacun a rajouté des parties, a fait part de son avis, « je veux plus de parties brutales de guitares là », ou « plus de voix mélodiques ici »…
C’est le premier album avec un travail d’équipe aussi parfait.

Fab : Au vu de son titre, le considères-tu comme un album concept ?
Matthias Kupka : Non (rires), enfin, pas pour nous, on ne fait pas d’album concept. Les chansons ainsi que les paroles font certes parties d’une chaîne, mais cela n’a pas été prévu ou planifié.

Fab : Qu’est-ce qu’il y a derrière la dernière chanson « Say Goodbye », particulièrement réussie ?
Matthias Kupka : Je ne peux pas trop en parler dans la mesure où elle est entièrement l’œuvre d’Udo. Mais effectivement, je l’adore également. Je peux juste dire que c’est en rapport avec une période très personnelle de sa vie.

Fab : Quelle a été la partie vocale qui a représentée à tes yeux le plus gros challenge ?
Matthias Kupka : Ce qui est déjà difficile, c’est qu’on ne rajoute rien à la voix, vous l’entendez telle qu’elle a été enregistrée. Sinon, le début de la chanson You a été difficile, parce ça ne semble jamais s’arrêter (rires). Cela a été un vrai défi. Et je rajouterai également la chanson Lean On Words.

Fab: Est-ce qu’il y a eu une chanson qui a été particulièrement difficile à finaliser? A mixer ?
Matthias Kupka : Euh…(réfléchissant) oui, toujours la chanson  Lean On Words. Il y a tellement de différences de style au niveau de la voix. Du growl, de la voix claire, etc… Même si Mario (Lochert – Basse) a fait un boulot fantastique au niveau du mixage. Quand j’ai entendu ma voix (lors de l’enregistrement), à part la voix claire, ce n’était jamais assez heavy, ou trop heavy. Mais quand j’ai entendu le premier mixage, c’était parfait. Mario a dû passer deux ou trois nuits entières dans le studio pour seulement le mixage de cette chanson ! Mais maintenant, on pense qu’elle est parfaite.

Fab : Pourquoi avoir choisi le Dreamsound Studios à Munich?
Matthias Kupka : Parce que Mario est également un ingénieur du son, il travaille dans ce studio, il a même sa propre salle. Alors oui, c’est un luxe que nous avons, car nous avons passé près de 3000 heures dans le studio. Et normalement, aucun groupe ne peut payer autant de temps passé. D’habitude, tu écris toutes tes chansons dans la salle de répétition, et puis là, tu vas dans le studio pour une à deux semaines pour l’enregistrement. Mais là, c’était un vrai luxe que d’avoir Mario qui enregistre et mixe tout l’album. Et comme il connait forcément bien les chansons, il le produit, et c’est nettement mieux que de tout donner à un producteur qu’on ne connait pas. Enfin, il y a Yann, qui est un des propriétaires du studio, qui s’est occupé du mastering. Donc, c’était la meilleure décision, on a eu tout le temps que l’on a voulu.

Fab : Avez-vous l’intention de sortir un nouvel E.P., comme vous l’avez fait avec The Remembrance : The Early Days E.P.(2011) ? Est-ce un format que vous aimez, dans la mesure où il permet beaucoup plus de liberté qu’un album complet, avec également moins de pression ?
Matthias Kupka : Nous avons assez de chansons pour sortir un nouvel album ou un nouvel E.P., mais…(réfléchissant), quand on était en studio pour l’enregistrement de You, c’était marrant car à un moment donné, Mario vaquait à ses occupations, et Vlad a pris sa guitare et a joué de très très anciennes chansons, d’il y a dix ans. Et là, Mario a jeté son verre sur la table lui demandant « mais tu sais vraiment jouer tous ces vieux trucs ? On les a jamais joués live, on ne les a même jamais enregistrés ! », et Vlad a simplement répondu « Oh oui, oui, bien sûr : ». Et la même nuit, ils ont commencé l’enregistrement de The Remembrance : The Early Days E.P. ! Tout ça en plus de l’enregistrement de l’album You ! (rires). Mais cet E.P. est vraiment différent au niveau de la musique. Sur Nightly Ray (2006), le premier enregistrement officiel d’Emergency Gate, avec Fabian Kiebling au chant, ce n’était que du Power Metal. Alors on a voulu refaire ces vieilles chansons en les mettant plus au goût du jour, le tout avec quand même un chant des 80’s et 90’s. J’aime cet E.P. car c’est vraiment un style différent. C’est comme si Emergency Gate clamait « on sait faire un autre style de musique ! ». Après, je ne sais pas, peut-être qu’on utilisera une nouvelle fois ce support (rires). Pour Noël prochain ! Ou Pâques ! (rires).

Fab: Est-ce qu’une vidéo est prévue pour soutenir ce nouvel opus?
Matthias Kupka : Oui, on l’a finie la semaine dernière. On en est au niveau du montage, mais elle devrait sortir pour la semaine prochaine. Il s’agit de Mindfuck, la première chanson. La seule chose que je peux dire, c’est qu’il y aura du feu et que ce sera chaud !

Fab : Tu ne peux pas nous en révéler un peu l’intrigue ?
Matthias Kupka : Euh, non (rires). Cela a été tourné dans une très ancienne usine d’acier. C’est tout ce que je peux dire.

Fab : L’artwork de l’édition limitée de You est très réussie. Avez-vous donné des lignes directives à Dani Hofer, l’artiste qui l’a réalisé ?
Matthias Kupka : Nous avons toujours eu un peu le même style de couverture par le passé. J’ai dit à Mario, « tout est ok, la musique est toujours bonne, mais quelque fois, les couvertures d’albums…ne sont pas toujours les meilleures » (rires). Alors, on a essayé de partager nos idées, comme celle des miroirs pour You. Et après, on a un peu demandé autour de nous, qui pourrait être capable de nous faire une belle pochette d’album, car on était très occupé et concentré sur le nouvel album à ce moment-là. Et là, Dani a dit « c’est bon, je vais vous la faire ». On a fait les photos promotionnelles, on les lui a envoyées, et il l’a fait ! Il y a six miroirs, pour six visages, etc…Chaque être humain a plusieurs visages. En tous cas, c’est une pochette magnifique, avec un petit côté étrange.

Fab : Comment avez-vous choisi les trois chansons bonus pour cette édition ?
Matthias Kupka : Bon déjà, ce n’est pas des « restes » de qualité moindre. Elles ont la même production que les autres. La maison de disques nous a demandé douze titres, mais on en avait quinze de finalisées, et cela nous embêtait vraiment car ces titres sont très bons ! Cela aurait été dommage de les jeter et d’en priver nos fans ! Et c’est pour ça qu’est née cette seconde édition de You.
Au niveau du style musical, ces titres sont un peu plus progressifs, et un peu plus durs en même temps. Et j’adore les refrains !! (rires).

Fab : Va-t-on avoir le plaisir de vous voir en tournée en France ?
Matthias Kupka : Et il y a des propositions de dates en cours, mais rien de confirmé pour l’instant, à part quelques gros festivals en Allemagne et en république Tchèque. Mais j’espère bien évidemment tourner en France.

Fab : Au Hellfest également ?
Matthias Kupka : (enthousiaste) Ah, cela serait un grand plaisir de jouer au Hellfest ! On espère !

Fab : En tant qu’Allemands, qu’est-ce qu’il faut avoir pour sortir du lot dans ce pays qui est un immense terreau pour la musique Métal? Il y a toujours eu tant de groupes venant d’Allemagne…
Matthias Kupka : Je ne pense pas qu’il y ait un seul groupe Allemand avec qui tu pourrais nous comparer, au niveau du style musical. La plupart de groupes de Metal Allemand à succès appartiennent plus au genre Thrash, ou True-Metal. Rammstein fait à mes yeux du Pop-Metal. Il y a beaucoup de groupes qui font du « Housewife Metal » comme on dit en Allemagne (rires). Il y a aussi Caliban, ou Heaven Shall Burn qui sont plus dans le Metalcore. Mais il n’y en a pas un qui nous ressemble, avec nos sons électroniques et nos parties vocales qui sont trés variées.

Fab : Une question traditionnelle de ma part : Il y a-t-il une personne, non liée au monde de la musique, qui est ou a été une grande inspiration pour toi ?
Matthias Kupka : Non lié au monde de la musique, quelqu’un qui n’est pas un musicien ? (réfléchit longuement) Oui, Edgar Allan Poe, l’écrivain. Je me suis beaucoup inspiré des écrits d’Edgar Allan Poe pour certains de mes textes. Et j’adore ! (rires).

Fab: Un dernier mot pour les fans Français ?
Matthias Kupka : C’est un réel plaisir d’être ici en France. On espère que vous allez risquer vos oreilles sur notre nouvel album You. Vous pouvez en voir des extraits sur Youtube, ou le pré-commander. On espère vous voir sur la tournée, et également peut-être au Hellfest !