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Adagio

Adagio 

8 janvier 2009 (Le Black Dog)

C'est vers 19h que j'avais rendez-vous avec le groupe ADAGIO au fameux " Black Dog " parisien. Malgré le froid polaire alentour et la fraîcheur de la salle en sous-sol (moumoutes de rigueur), la gentillesse et la bonne humeur des musiciens présents ont rendu cet entretien chaleureux. C'est toujours ça de pris !

Adagio

Fab : Bonjour à tous. Tout d'abord, est-ce que vous pourriez vous présenter brièvement pour ceux qui ne vous connaîtraient pas encore ?
Stéphan Forté:Alors STEPHAN FORTE, guitariste, compositeur, et c'est moi qui essaye de gérer un peu le tout, avec mes acolytes ici présents.
Franck Hermanny : FRANCK HERMANNY, bassiste.
Kevin Codfert: KEVIN CODFERT, claviériste et aussi co-producteur des deux derniers albums.

Fab : Votre sentiment avant la sortie de votre quatrième album " Archangels In Black " ?
Stéphan
: Content, déjà, d'avoir pu faire un disque dans la direction qu'on voulait. D'avoir pu le produire par nous-mêmes et d'avoir pris le temps d'expérimenter et de faire vraiment ce que l'on recherchait. Content également d'avoir signé avec un nouveau label (LISTENABLE) motivé et bosseur. Et pour finir, content de partir sur des bases saines et d'enfin pouvoir commencer à travailler dans de bonnes conditions.

Fab : Dès la première écoute, que ce soit au niveau de la production ou de la qualité des compositions, que j'ai trouvées très bien, cet album n'a rien à envier par exemple à un groupe comme Symphony X. Quelle a été votre démarche, votre travail pour en arriver à cela?

Stéphan
: On a juste utilisé le même procédé que d'habitude, juste avec une vision différente du son, plus moderne, pour justement s'éloigner de l'image de Symphony X. C'est vrai que l'on a eu cette image pour nos deux premiers albums, mais là maintenant, je ne vois pas vraiment le point commun. Mais sinon, on a travaillé de la même façon, à part que l'on s'est peut-être plus basés sur des riffs, et moins sur le côté progressif, peut-être un côté plus direct.

Fab : Je trouve également dans votre nouvel opus une ambiance un peu grave, sérieuse, comme a pu le faire Supérior dans l'excellentissime " Behind ".

Stéphan : Ca en fait, je vois ce que tu veux dire dans le " Behind " de Superior, c'est qu'il y a beaucoup de piano dans les arrangements de Superior. J'aimais pas " Younique " mais sur cet album " Behind ", il y a plein de trucs que je n'aime pas, mais j'aimais vraiment les ambiances dans les basses du piano, Kevin sait que j'affectionne particulièrement ça à son grand regret (rires), parce qu'après il y a toujours de confrontations de fréquences quand tu vas dans le registre " bas ", et notamment entre les basses du piano et celles de la basse. Peut-être que mine de rien, même si c'est pas un groupe très connu, c'est effectivement marrant que tu le soulignes, ça m'a possiblement influencé, pas sur cet album, mais certainement par le passé.

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Fab : Est-ce que " Vamphyri ", premier titre du nouvel album, est inspiré du roman de Brian Lumley du même nom ?
Stéphan : (grand sourire étonné) Ouais, tu l'as lu ?

Fab : Oui, j'aime beaucoup, " Nécroscope ", Harry Keogh, etc…
Stéphan : C'est terrible hein ? Mais c'est aussi une façon de le prononcer en Roumanie, comme c'est écrit dans le livre (Fab : L'ayant lu il y a pas mal de temps, je dois reconnaître que Stéphan m'abreuve alors de détails du livre très intéressants mais dont je ne me souviens plus…désolé).

Fab : Sans être un concept album à proprement parler, tu as déclaré que le sujet principal tournait autour des ténèbres que l'on a en nous. Peux-tu développer un peu ?
Stéphan : J'ai pas spécialement vraiment envie de le développer, chacun peut y trouver ses affinités, si il ressent des affinités au niveau des paroles.

Fab : D'où vient l'idée de l'artwork, fait par Guilherme Sevens, qui est excellent ? Qui en a eu le concept ?
Stéphan : C'est lui. En fait, on a rien demandé, et un jour il a envoyé ça.
Franck : Il y a eu plusieurs ébauches quand même.
Stéphan : En fait, c'était un ami de Gus notre ancien chanteur. Et quand il a entendu le nom de l'album, cela lui a évoqué ça et il a envoyé à Gus une première version. Et c'est vrai que cette première version a plu à tout le monde, ce qui est assez rare car c'est difficile de faire l'unanimité.
Franck : Mais elle était un petit peu " gentille " peut-être, par rapport à la version définitive.
Stéphan : Oui, mais c'était une première ébauche, et qui a plu à tout le monde, alors pourquoi chercher midi à quatorze heure ? On a donc continué dans cette direction. Et finalement on est arrivé à cette version qui nous a tous beaucoup plu. Et aussi, quelque chose que l'on nous a fait remarquer ; le côté religieux qu'il y a sur les premiers albums, qu'on a repris volontairement avec l'archange, mais qu'en même temps on a " tordu ", dans le sens où on a rajouté une image vraiment plus " dark ", qui correspond aussi à une évolution musicale d'ADAGIO, à une entité visuelle. Bref, c'est un ensemble.

Fab : Quelle est la signification du dernier titre " Getsu Senschi " ?
Stéphan : C'est un clin d'œil, c'est un peu spécial. En fait au départ, on était chez une maison de disque au Japon qui nous réclamait toujours, comme tous les labels japonais, mais eux en particulier, un titre bonus à la manière de Sonata Artica, du métal mélodique speed en général. Et ça faisait partie des conditions imposées, donc on a fait ce titre, et puis finalement ce n'est pas devenu un bonus japonais. On s'est séparé de cette maison de disque pour plusieurs raisons, et puis finalement il fait partie de l'album. La signification est " Moon Warrior ", c'est bien cliché (rires) mais c'est fait exprès.

Fab : Votre réaction si je compare la voix de votre chanteur (le finlandais Chris Palin) avec celle de David Readman de Pink Cream 69 ?
Franck : Il y avait peut-être une similitude avec Gus c'est évident (ndlr : le chanteur précédent), mais moi je trouve les deux voix assez différentes.
Stéphan : Mais c'est bien quand même car David à une voix superbe.

Fab : Je trouve justement le mélange entre la musique parfois progressive, et sa voix parfois un peu " hard fm " assez intéressante, cela donne du relief.
Franck : Chris est assez polyvalent, une tessiture…
Stéphan : Un superbe registre.
Franck : Il y a beaucoup de styles (différents) dans sa voix, il peut chanter tout ce qu'il veut.

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Fab : J'ai maintenant une question " clavier " spécialement pour Kevin. Entre l'intro classique de " Undead " qui est ma préférée, et la partie rapide de " Codex Oscura " (à partir de la 6° mn), cela donne un panel intéressant. Est-ce qu'au niveau de la composition, c'était ton libre choix ? Et quel est ton parcours musical ?

Kevin : J'ai commencé le piano à l'âge de 5 ans, j'ai fini le conservatoire (Académies de Salon de Provence, Aix et Marseille) à l'âge de 14 ans où j'ai eu ma médaille d'or. J'étais à fond dans le classique, mes parents me soutenaient beaucoup, mais j'ai préféré prendre une direction plus rock puisque mon père écoutait pas mal de rock progressif des années 70 & 80 comme Genesis, Marillion, Rush, Yes, etc…C'est sûr que la formation classique est indispensable pour le style que l'on fait maintenant puisque qu'il est très technique. Après, pour revenir au début de ta question, Stéphan a amené les bases de la composition, et après j'ai essayé premièrement de l'interpréter à ma manière et j'ai essayé techniquement de le jouer. Puisqu'en parlant de l'intro de " Undead ", parce que c'est vraiment quelque chose de difficile car c'est soutenu au niveau du tempo, il faut le jouer, et en plus, l'interpréter. Cela demande beaucoup de travail.

Stéphan : C'est qu'au niveau de l'interprétation, la partie d'"Undead " est peut-être plus difficile parce qu'il y a plus de nuances, que la partie dont tu parles de " Codex Oscura ". Certes, c'est rapide, il faut être " au taquet ", il y a des écarts de doigts qui sont vachement chiants et merdiques, mais bon, il s'en est bien sorti (rires).

Kevin : Pour moi personnellement, ce qui est le plus difficile, c'est l'interprétation et pas la technique : Quand tu vas travailler huit heures par jour ta partie rapide, au bout d'un moment, si t'es pas trop " quiche ", tu vas y arriver. Par contre, au niveau de l'interprétation, c'est quelque chose qui se travaille sans se travailler, car si on travaille trop rigidement l'interprétation, on la perd. Donc il faut rester naturel, essayer d'avoir un recul, s'enregistrer et voir un petit peu le rendu. Mais c'est difficile de doser, car il ne faut pas que ça devienne trop machinal.

Fab : Stéphan, de par tes séjours musicaux aux USA, quelle expérience cela t'a apporté ? Et y-a-t'il toujours autant d'écart entre nos deux pays, au niveau de la culture musicale ?

Stéphan : Je ne suis pas allé tant que ça aux USA, et je ne pense pas être en mesure de donner une analyse précise de ce genre de choses, mais c'est surtout la première fois en 1999 qui m'a le plus apportée. C'était uniquement pour le travail, je me suis donc retrouvé là-bas sans connaître la personne chez qui j'allais, qui était un clavier. Ca m'a beaucoup apporté dans le sens où c'était hostile au niveau humain avec lui, on ne s'est pas entendus. Il y a eu une sorte de clash dés le départ parce que lui il se prenait pour, il a peut-être trop regardé " Amadeus ", et il se prenait un peu pour le Mozart du Film, avec le rire exubérant, genre " je suis un petit génie ", etc…

Fab : Ah, ça peut être vite pénible ça.

Stéphan : C'est très pénible, vraiment. Et je me rappelle que sur un des titres qu'on avait enregistré, il y avait une intro que j'avais composée à l'orgue, qui était inspirée de Bach, mais sans avoir la prétention de savoir faire des trucs dans ce genre-là. Mais je m'étais inspiré, avec mon oreille de novice, de Bach. Donc il l'avait enregistré, et j'avais trouvé le résultat franchement pas génial. Et j'ai eu le malheur de lui dire que je n'aimais pas des masses son interprétation. Et alors là, putain, forcément c'est parti en " live " : " de quoi tu parles, tu ne connais rien à la musique, je ne veux plus parler avec toi, etc… " et donc à partir de là, ça a été très difficile. Mais cela t'apprend à devenir " pro " dans le sens où je devais quand même rendre quelque chose, il restait encore deux semaines de travail et il fallait de toute façon fournir une démo au label qui m'avait envoyé là-bas. Donc, ça, ça m'a beaucoup appris. En plus, il y avait d'autres choses qui rendaient les choses difficiles. Techniquement, nous étions livrés à nous-mêmes car les mecs du studio en foutaient pas une, il a fallu qu'on se débrouille et que l'on rende tout dans les temps, et on était vraiment à la bourre. Le dernier jour, on a carrément passé 24 heures non-stop de travail. Et il a fallu se dépêcher de finir, de remballer les affaires, vite aller à l'aéroport pour pas que je loupe mon avion, et tout ça, oui, ça forme. Dans un pays étranger, tout seul, t'as 19 ans…

Fab : Mais je voulais plus insister sur la différence de culture musicale entre les américains, sans les mettre sur un piédestal, et nous.

Franck : Ah ben ça n'a rien à voir.

Stéphan : Ils ont vraiment une culture rock. Pour eux, Aerosmith c'est de la variété, pour nous la variété, c'est Bénabar, etc…Ici, pour signer chez une major, tu as intérêt à faire de la musique " catchy ", de la façon la plus épurée possible, style White Stripes (ndlr : 5 notes principales pour tout le morceau…).

Franck : Il y a aussi peut-être plus de respect pour les musiciens, les groupes, les lieux.

Stéphan : Mais même sans aller aussi loin que les USA, il y a beaucoup plus d'opportunités dans le reste de l'Europe qu'en France pour la musique rock. En France, on est vraiment largués, et les médias ne nous aident absolument pas. Y'a une mentalité anti-chauvine en France. Dés que t'es français et que tu essayes de faire un truc international, soit tu passes pour un connard, soit pour un prétentieux. Si ADAGIO avait été un groupe anglais ou américain, on aurait eu beaucoup moins de problèmes en terme d'image. On se pose cette question d'essayer de savoir pourquoi (Fab : perso, manque de culture et d'éducation musicale). Et les groupes français qui chantent en français sont plus acceptés.

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Fab : Un commentaire sur votre signature avec Listenable ?
Stéphan : On a démarché beaucoup de labels, on a eu des offres intéressantes financièrement, seulement, c'est pas ce que l'on recherchait en priorité. ADAGIO a un gros besoin de développement en Europe, il n'y a pas eu de travail effectué là-dessus. Il n'y a pas eu de distribution pour " Underworld ", qui n'est sorti qu'en France et au Japon. "

Dominate " est apparemment sorti en Europe et aux USA mais j'en ai pas vu la couleur dans le sens où il était indisponible en magasin, où il n'y avait pas eu de promotion, j'ai pas fait une seule interview pour l'étranger, etc…Donc, on peut dire qu'il n'a pas été distribué non plus. Je pense donc que là, il était vraiment temps de trouver un label qui puisse développer le groupe.

Listenable, ce n'est pas ce qui m'est venu en premier dans la tête, car ce n'est pas un label spécialisé dans le style de musique que l'on fait. Ils sont plus basés sur l'extrême. Puis on m'a conseillé d'envoyer (une démo) quand même, car ils ont une super réputation à l'étranger, et ils ont vraiment aimé. De là, on a pas mal discuté, et il y a eu une sorte d'émulation commune, des affinités aussi bien musicales qu'en terme de travail, donc on a décidé de signer avec eux, et on est super content.

Fab : En tout cas, ça part bien car l'album est vraiment pas mal, malgré le fait que je ne l'ai écouté qu'une fois intégralement. Pas toujours évident pour ce style de musique.
Stéphan : Tu l'as trouvé complexe ?
(ndlr : où comment retourner un interview…lol)

Fab : Ben je suis habitué à ce genre de musique, donc je ne sais pas si je serai très objectif. Il y a quand même beaucoup d'orchestration, d'arrangements…
Stéphan : Parce qu'il y a pas mal de personnes qui nous parlent de complexité, du côté progressif dans ce nouvel album, alors que pour moi, je le ressens plus comme un album de métal traditionnel. Peut-être parce qu'on le voit trop de l'intérieur.

Fab : Concernant votre prochain concert événement du 25 février au Nouveau Casino, avez-vous prévu quelque chose de spécial ?
Stéphan : Ouais. Il y aura une reprise, qui plaira à pas mal de fans de métal. En tout cas, nous, on aura beaucoup de plaisir à l'interpréter (Fab : Malgré ma demande, aucune fuite possible sur ce titre mystère !). Ce sera aussi un tout nouveau set, qui sera axé sur les deux derniers albums. Et juste le fait d'avoir un nouveau chanteur, un nouveau set, de repartir de zéro… Mais c'est plus un pre-show, ce n'est pas " le " concert, mais ça sera un concert entier quand même, avec To-Mera un groupe Londonien en première partie.

Fab : Est-ce que vous pensez être présents au HELLFEST 2009 ?
Stéphan : On pense. Mais ce n'est pas encore confirmé (ndrc, chose faite désormais)

Fab : Un dernier mot pour les lecteurs de BSPIX.FR ?
Stéphan, Kevin & Franck (rires) : Depuis tout à l'heure avec d'autres interviews, on essaye de dire quelque chose qui n'est pas cliché, mais on y arrive pas ! " On est super impatient de partir en tournée ! Achetez notre album ! " (rires).
Kevin : Ben en fait, le mot de la fin, on le fait dire par l'interviewer.
Stéphan : Ouais, c'est la tradition (rires).

Fab :Ok, bon ben " Achetez l'album, il est vraiment bien, je l'ai écouté hier soir, et en plus, c'est français " !

 

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