Live Reports

Isis - Oxbow

Isis

10 juin 2007 (La Loco)

Cult of Luna en début d'année, Neurosis la semaine prochaine au HellFest et Isis pour la soirée qui nous intéresse, nous sommes décidément bien gâtés en cette première moitié d'année 2007. Il m'aura juste manqué les Red Sparowes lors de leur passage dans la capitale le 30 avril pour réussir la passe de quatre !

C'est donc avec un large sourire que je me déplace ce soir pour voir pour la première fois les p'tits gars de Boston. En plus il fait beau, ce qui nous change du temps exécrable qui sévit depuis le début du mois.

A mon arrivée, un petit quart d'heure avant l'ouverture des portes, une longue file d'attente serpente déjà devant la Locomotive, au côté d'une autre foule, nettement moins bigarrée, qui elle attend patiemment après le spectacle du Moulin Rouge voisin. On peut déjà voir un certain nombre de t-shirts à l'effigie des groupes précités un peu plus haut. Je remarque que la foule est essentiellement masculine (tant pis pour vous mesdemoiselles comme on pourra le voir plus loin) et un chouilla moins jeune que d'habitude…

Isis

Le temps de récupérer mon petit sésame à l'accueil et je me précipite à l'intérieur histoire d'avoir une place correcte pour faire des photos… Car d'une manière générale, le métal planant expérimental et autres post-rock est riche en fumigènes et obscures ambiances lumineuses, deux irréductibles ennemis du photographe de concert.

Et là, chose amusante, la fosse, et tout particulièrement le devant de la salle, est vide alors que la Loco elle est déjà bien remplie… On sent que ce n'est pas le public coreux survolté des derniers concerts de Roadrunner qui s'est déplacé en masse ce soir… Tant mieux, les slamers ça lasse. Quoi qu'il en soit, ce sont les hauteurs de la salle qui ont été prises d'assaut et j'en profite pour venir m'incruster au premier rang en plein centre… Une fois n'est pas coutume.

S'en suit une assez longue attente de quasiment une heure, au cours de laquelle on a installé de part et d'autres des retours des tripotées de bâtons d'encens dont les effluves ne tardent pas à se répandre tout autour de moi.

Je découvre donc ce quartet californien, composé de 3 zikos blancs, batteur, bassiste et guitariste, ainsi qu'un front noir habillé assez classe avec son pantalon en toile blanc, sa chemise blanche et son gilet noir. Ce dernier, Eugène, paraît totalement possédé, tandis qu'il arpente d'un pas lourd et saccadé la scène, sans jamais quitter le sol du regard alors que résonnent les notes d'une lascive intro instrumentale.

Puis d'un seul coup, la machine se met en branle. Eugène semble alors parcouru de soubresauts et se met à s'agiter convulsivement en poussant de terribles hurlements déchirants … Sa voix est aussi puissante que torturée et il impressionne autant par son attitude et sa carrure que sa capacité à hurler et se faire entendre sans micro !

Isis
Isis

Le reste du show consistera en un long strip-tease de notre front bodybuildé qui ôtera un à un ses vêtements tout au long des chansons … gilet, chemise, pantalon, puis marcel, seul le boxer survivra à cette hécatombe vestimentaire, laissant l'audience admirer la lourde musculature du chanteur et ses nombreux tatouages.

Le show est impressionnant, Eugène se trémousse, Eugène se jette au sol, Eugène se roule par terre, hurle, crie, prend des poses lascives et assure une performance impeccable avec en arrière plan des musiciens inspirés qui jouent parfaitement leurs rôles respectifs.

Le public, dont manifestement une partie non négligeable connaissait déjà bien la musique expérimentale des américains, est conquis et on aura droit à un magnifique rappel de quasiment 10 minutes. Fait assez rare pour une première partie, mais amplement mérité le cas présent.

Oxbow est donc un groupe que je qualifierai de difficile d'accès, surtout sur disque, mais dont la présence sur scène ne peut laisser indifférent et qui mérite largement qu'on s'y attarde.

C'est donc dans une ambiance fermement ancrée qu'est attendue de pied ferme la tête d'affiche. Le changement de set bien qu' assez rapide, moins de trente minutes, se fait au son d'une musique tribale assez lassante et extrêmement répétitive qui finie par rendre l'attente pénible. Même si l'on reste ici à des années lumières de l'indescriptible horreur qui avait assailli nos pauvres oreilles, dans cette même salle, avant le show de Wednesday 13 en mai. A croire qu'un ingé son facétieux sévit parfois à la Loco.

Mais retournons à nos moutons car pendant que je râle, Tao des Mystérieuses Cités d'Or a fait son entrée sur scène ! Hum ?? Ah, en fait non, c'est juste le clavier d'Isis, tout en frisouillis et vêtu d'un large poncho aux couleurs flamboyantes qui est allé prendre place sur le côté de la scène quasiment dos au public, position qu'il abandonnera plusieurs fois dans la soirée pour ajouter une troisième guitare sur certains morceaux.

C'est dans un style plus classique, jeans et hauts noirs, qu'arrivent un à un les autres membres sous les hourras du public qui retrouve alors instantanément sa vigueur.

S'en suit un show dense, tantôt langoureux ou aérien, tantôt violent et pesant, qui nous percute de plein fouet par vagues successives tout au long des quatre-vingt minutes qui suivront...

Isis
Isis

Les musiciens sont à l'aise et assurent correctement leurs parties, seul petit regret pour la voix d'Aaron que j'ai trouvée légèrement sous mixée sur certains morceaux. Pas de surprise donc, avec une communication minimaliste, et quasiment pas d'interruption entre les titres.

La set-list (introuvable sur scène), qui oscille entre passages planants et titres plus pêchus, fait la part belle aux deux derniers albums, particulièrement à Panopticon, même si le dernier opus In the absence of Truth est bien présent en début de set avec les deux premiers morceaux d'entrée de jeu, dont l'intro "wrist of kings".

Mention particulière pour "False Light", où oubliant complètement l'appareil photo posé juste devant lui sur la scène, votre serviteur, pris d'une transe à faire pâlir d'envie Eugène, est venu se fracasser le crâne sur le dessus du boîtier (plus particulièrement la partie métallique qui sert à insérer le flash) au cours d'un headbang particulièrement inspiré. Résultat, une jolie marque en plein milieu du front, un peu de sang et mes derniers neurones qui prennent la tangente… même pas mal :p.

Et voilà, c'est déjà le rappel, avec un "Celestial" qui vient clôturer magiquement cette excellente soirée. Un presque sans faute donc qui me laisse sur un petit nuage jusqu'à ce qu'un violent mal de crâne et son cortège de vertiges me ramènent à la dure réalité.

Isis

Un concert qui tiendra donc en bonne place dans mon best of 2007, même s'il reste à mes yeux, un bon cran en deçà de la performance inoubliable délivrée de main de maître par Cult of Luna en février dernier.

SpiriT

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