Suicidal Tendancies - Grimskunk - Kruger

19 avril 2007 (L'Elysée Montmartre)

Ca y est ! Suicidal Tendencies (S.T. pour les intimes) débarque en France pour 11 dates après une trop longue absence. Rendez-vous compte ! Le dernier album des « Original Gangstas » date, excusez du peu, de 2000 (« Free Your Soul And Save My Mind »).

C’est donc avec une certaine attente et appréhension que votre modeste serviteur se pointe, assez tôt il est vrai, devant l’Elysée Montmartre (qui affiche complet) afin d’éventuellement recueillir quelques anecdotes auprès de ces musiciens qui ont bercé, au même titre que Metallica, Megadeth ou encore Dream Theater, les « années collège & lycée » des métalleux de ma génération. Il faut savoir que ce groupe de Los Angeles, au style-cliché californien, a ouvert pour Metallica (Hippodrome de Vincennes en 1992) ou encore Guns’n Roses à la grande époque... C’est dire si les stades, ils connaissent, et qu’on ne met pas n’importe quel groupe juste avant les « monstres » pré-cités.

Pour en finir avec l’influence de ce groupe ainsi que sa réelle identité, je conseillerais d’urgence le visionnage de la cassette vidéo (et oui…) « Lights, Camera, Suicidal » de 1991. En 45 min, la messe est dite..et je pèse mes mots (les puristes comprendront... cf.« send me your money »).

Je passe sur les prestations des deux groupes 'support act' qu’étaient les canadiens de Grimskunk (forts sympathiques au demeurant avec leur style punk-rock dépouillé agrémenté de folie bienvenue) et des suisses de Kruger (bon, là faut aimer le métal lent et dépressif...).Mais entre chaque groupe, l’ambiance survoltée monte de minutes en minutes, des « S. !, T . !, S. !, T. ! » sont hurlés à l’unisson des quatre coins de la salle...

La lumière s’éteint…ça y est, ils sont là, pour quelqu’un comme moi qui n’a jamais eu la chance de les voir sur scène, le moment est magnifique mais tendu, car la réputation des « mosh pit » pendant un concert de S.T. n’est plus à faire..mais qu’importe….l’introduction du légendaire hymne de Suicidal « You can’t Bring Me Down » retentit... ils vont le faire !! ils attaquent directement par des classiques (certains avaient peur qu’ils nous jouent surtout des morceaux extraits des albums plus récents...).

Et là, c’est une explosion de joie, de slammers, et de pogos à tout va, ST est véritablement en terrain conquis d’entrée, les paroles – et pas seulement les refrains – sont hurlées en permanence, bref, c’est parti pour 1h30 de délires et de plaisir d’une attente désespérée enfin comblée(ça faisait 5 ans qu’ils étaient en « sommeil »). S’en suit l’inévitable « Trip at the brain » qui ne sera reconnu immédiatement que par les puristes dans la mesure où le premier couplet et refrain sont exécutés deux fois plus lentement que la version habituelle.

Cela donne évidemment encore plus de relief quand le groupe enchaîne la suite à la vitesse normale. Je n’insisterai jamais assez sur le fait que toutes les chansons, dont certaines ont 20 ans , sont reprises par cœur par l’audience en folie, malgré l’absence de publicité dans les médias depuis belle lurette.

Le leader et chanteur Mike « cyco » Muir bondi dans tous les sens et, comme à son habitude, débite un long (pour certains) monologue entre les chansons sur le fait qu’on doit rester fidèle à ce que l’on est, qu’ on « emmerde » les donneurs de leçons, qu’on est responsable de nos actes, etc. Toujours avec sa manière ironique et parodique propre à lui... N’empêche qu’il dégage toujours une certaine aura et reste très impressionnant sur et en dehors de la scène. Il n’a jamais oublié d’où il venait et reste fidèle à ses principes, quelles que soient les modes ambiantes.

Côté guitares, Mike Clark, l’autre « leader » du groupe headbangue et se dandine « à la ST » tout en nous envoyant en pleine poire ses riffs puissants. L’autre guitariste, Dean Pleasants, en charge des soli et lui par contre, beaucoup moins avenant, sur et hors de la scène (encore une fois) mais à l'instar du batteur remplaçant de Ron Brunner Jr, assure quand même le minimum syndical.

Une autre grande surprise vient du fantastique bassiste Steve Brunner Jr (le frère de Ron) qui, à seulement 22 ans, démontre une aisance technique impressionnante (ayant sympathisé avec lui et aimant beaucoup le « slap bass », il m’a gâté en rajoutant du slap chaque fois que nos regards se croisaient). Ayant commencé la basse à l’âge de 4 ans, il a récemment joué à Bercy pour Puff Dady & Snoop Dogg...(si, si), mais il considère que « son » groupe reste S.T. (il a été très clair là-dessus).

Pour ceux qui l’ignoreraient encore, Robert Trujillo l’actuel bassiste de Metallica à « éclaté » dans Suicidal Tendencies (de 1988 à 1995 à peu prés), groupe alors réputé bénéficier d’un bassiste hors normes. Et c’est lors de tournées communes avec Metallica au début des années 90, que le premier contact a eu lieu. Bref, Steve fait en sorte que le niveau technique de la basse reste élevé, fidèle aux racines de ST et d’Infectious Grooves , un Side-Project fondé par Mike Muir & Robert Trujillo réellement excellent de « funk-metal-fusion » à écouter d’urgence.

Le concert suit son cours avec « Send Me Your money », introduit par Cyco Miko avec un « we’re now going to the church of Suicidal ! » dans la mesure où cette chanson démonte allégrement les télé-évangélistes américains d’une manière très pertinente, l’hymne récent « We are family », les inévitables classiques « possessed to skate », en l’ honneur des skaters dont l’état d’esprit « suicidaire » colle à celui de S.T., « mummy » ou encore le fantastique « How will I laugh… » avec son finish qui démolit tout sur son passage. Le son est plutôt pas mal, notamment au niveau des basses et de la guitare rythmique du sieur Clark. Après avoir fait chanter tout le monde, « lovely » arrive avec son début en mid-tempo pour une fin groovy et fun comme ST sait si bien le faire.

Inutile de dire qu’il est pas toujours facile de suivre correctement le concert dans la mesure où un flot incessant de slammers vient percuter le premier rang où j’étais (mon cou s’en remet à peine, lol).

Après 1h10 de show, arrive L’ HYMNE officiel du gang de Venice, à savoir « Pledge your allegiance », où absolument toute l’assistance braille « S ! » « T ! » répondant à un Mike Muir survolté. Et c’est là que le clou du spectacle se produisit : oui bien sûr, je l’avais déjà vu sur des vidéos mais de là à le vivre... Au ¾ de la chanson, Mike muir s’avance vers moi (si, si, je suis pas mythomane) et me tend le bras pour me faire signe de le rejoindre sur scène ! Ce que j’arrive à faire tant bien que mal suite à l’intervention de la sécurité qui a normalement dû être prévenue...

Et oui, j’ai été le premier de la trentaine de chanceux à finir la chanson avec le groupe sur scène... Pour un bordel sans nom il est vrai, mais quel honneur, quel plaisir !!! Du pur chaos !! Quel pied de chanter avec Cyco Miko !!

S’en suit un rappel de deux chansons pour mettre un terme à des retrouvailles tant attendues. Je suis épuisé mais véritablement heureux.

Comme l’étaient les deux mikes et steve, dans un meet & greet apparemment habituel 10 mn après le show où leur gentillesse et disponibilité touche vraiment... Et il est clair qu’ils sont comme ça, que ce n’est pas pour de nouveau rassembler un public perdu. De vrais musiciens, qui aiment leurs fans…ils pourraient donner des leçons à beaucoup de groupes actuels, et pas que de Métal…

On piaffe d’impatience pour le DVD live de ST qui doit sortir au Printemps 2007 ainsi que le nouvel opus des californiens de L.A. ! (steve m’a confié qu’ils en sont au niveau de l’écriture).

A noter enfin, que l’émission d’Arte « TRACKS » a filmé quelques passages du concert de Paris ainsi que donné une interwiew de Mike Muir dans son hôtel dans l’après-midi. Après recherche de renseignements auprès des tourneurs français « ter-à-terre » très sympathiques (merci Jonathan !), l’émission devrait passer fin juin. Ils doivent m’informer de la date exacte quand elle sera connue (il y a des chances que votre serviteur y apparaisse !!).

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